La donation de la collection d’Edouard Senn
du 05 septembre au 20 septembre 2009
En 2004, Madame Hélène Senn-Foulds a donné à la Ville du Havre, pour le musée Malraux, la collection d'œuvres d'art constituée par son grand-père, Olivier Senn. Rassemblant 205 pièces, cette extraordinaire collection a promu le musée Malraux au rang de premier musée de province pour ses collections impressionnistes.
Le 8 juillet 2009, Madame Hélène Senn-Foulds a de nouveau honoré la Ville du Havre de sa générosité en offrant la collection de son père, Edouard Senn : 67 nouvelles œuvres entrent ainsi au musée, comprenant 42 peintures, 15 dessins, 5 gravures et 5 sculptures.
Fils de ce grand amateur d'art qu'était Olivier Senn, Edouard Senn (Le Havre 1901- Sallanches 1992) s'est, comme lui, passionné pour l'art de son temps. Installé à Paris à partir de 1940, c'est là qu'il commence sa propre collection, achetant selon ses coups de cœur, au gré de ses rencontres, et sachant profiter des opportunités du marché de l'art.
C'est ainsi qu'il devient propriétaire du chef d'œuvre de sa collection, lors d'une vente publique en 1966 : une aquarelle de Pablo Picasso, représentant un vieux mendiant, datée de la période bleue. Empreintes d'une sourde mélancolie, baignées d'azur et d'outremer, les œuvres de cette période s'attachent à représenter une humanité déchue, émaciée par le travail et la faim, plongée dans une profonde solitude. L'aquarelle est datée de 1904, année de l'installation du jeune Picasso à Paris.
Cinq ans plus tard, c'est une autre œuvre importante, émouvante à plus d'un titre, qu'Édouard Senn acquiert, celle de Nicolas de Staël (1914-1955), peinte peu de temps avant son suicide à Antibes, intitulée Paysage ou Cannes.
Entre temps, Senn s'est intéressé à des artistes de l'entre-deux-guerres, comme Charles Lacoste, André Dunoyer de Segonzac, ou Yvan Pougny. Mais sa préférence va vers des œuvres contemporaines, peintes entre 1950 et 1980, témoignant une belle fidélité à des artistes qu'il apprécie et soutient tels le Hongrois Endre Rozsda, Pierre Lesieur ou Roger Muhl. Comme son père, son goût l'incline vers des intérieurs intimistes, de délicates natures mortes ou vers le paysage, qu'en homme de son temps il aime transcrit par la grâce d'une abstraction tempérée, toujours placée sous le signe de la couleur, et de l'héritage de Matisse. Pour autant, il ne néglige pas la sculpture et achète notamment deux belles pièces d'Étienne Hajdu ainsi que des dessins de sculpteurs.
La collection constituée par Édouard Senn témoigne de son engagement dans son siècle. Elle offre, après celle d'Olivier, une approche passionnante de l'acte de collectionner, un acte profondément personnel, mû par la passion. Plutôt que de vouloir compléter l'ensemble créé par son père, Édouard Senn en a protégé l'intégrité, l'a ouverte à des historiens de l'art, l'a fait connaître par des prêts généreux aux plus grands musées du monde, mais, au gré de ses découvertes et en accord avec sa sensibilité, a constitué sa propre collection d'œuvres dans l'intimité de laquelle il a eu envie de vivre.
Le 8 juillet 2009, Madame Hélène Senn-Foulds a de nouveau honoré la Ville du Havre de sa générosité en offrant la collection de son père, Edouard Senn : 67 nouvelles œuvres entrent ainsi au musée, comprenant 42 peintures, 15 dessins, 5 gravures et 5 sculptures.
Fils de ce grand amateur d'art qu'était Olivier Senn, Edouard Senn (Le Havre 1901- Sallanches 1992) s'est, comme lui, passionné pour l'art de son temps. Installé à Paris à partir de 1940, c'est là qu'il commence sa propre collection, achetant selon ses coups de cœur, au gré de ses rencontres, et sachant profiter des opportunités du marché de l'art.
C'est ainsi qu'il devient propriétaire du chef d'œuvre de sa collection, lors d'une vente publique en 1966 : une aquarelle de Pablo Picasso, représentant un vieux mendiant, datée de la période bleue. Empreintes d'une sourde mélancolie, baignées d'azur et d'outremer, les œuvres de cette période s'attachent à représenter une humanité déchue, émaciée par le travail et la faim, plongée dans une profonde solitude. L'aquarelle est datée de 1904, année de l'installation du jeune Picasso à Paris.
Cinq ans plus tard, c'est une autre œuvre importante, émouvante à plus d'un titre, qu'Édouard Senn acquiert, celle de Nicolas de Staël (1914-1955), peinte peu de temps avant son suicide à Antibes, intitulée Paysage ou Cannes.
Entre temps, Senn s'est intéressé à des artistes de l'entre-deux-guerres, comme Charles Lacoste, André Dunoyer de Segonzac, ou Yvan Pougny. Mais sa préférence va vers des œuvres contemporaines, peintes entre 1950 et 1980, témoignant une belle fidélité à des artistes qu'il apprécie et soutient tels le Hongrois Endre Rozsda, Pierre Lesieur ou Roger Muhl. Comme son père, son goût l'incline vers des intérieurs intimistes, de délicates natures mortes ou vers le paysage, qu'en homme de son temps il aime transcrit par la grâce d'une abstraction tempérée, toujours placée sous le signe de la couleur, et de l'héritage de Matisse. Pour autant, il ne néglige pas la sculpture et achète notamment deux belles pièces d'Étienne Hajdu ainsi que des dessins de sculpteurs.
La collection constituée par Édouard Senn témoigne de son engagement dans son siècle. Elle offre, après celle d'Olivier, une approche passionnante de l'acte de collectionner, un acte profondément personnel, mû par la passion. Plutôt que de vouloir compléter l'ensemble créé par son père, Édouard Senn en a protégé l'intégrité, l'a ouverte à des historiens de l'art, l'a fait connaître par des prêts généreux aux plus grands musées du monde, mais, au gré de ses découvertes et en accord avec sa sensibilité, a constitué sa propre collection d'œuvres dans l'intimité de laquelle il a eu envie de vivre.