Le XIXe siècle est par excellence le siècle des grands travaux. Le monde des ports n'échappe pas à ce mouvement, bien au contraire. Dès les années 1850, des chantiers s'ouvrent un peu partout dans les grands ports français et européens. Il s'agit d'adapter à terre les structures d'accueil d'une flotte qui se modernise (bientôt sonnera le glas de la marine à voiles) pour répondre à une intensification des échanges dans le monde entier. S'ouvre alors « l'ère des travaux perpétuels ».

Tout un monde, situé encore au cœur de la ville, change et évolue. Le port commence alors à s'éloigner de la cité pour s'étendre à la périphérie. Il change d'échelle, se dilate. Pour les peintres, il cesse d'être ce lieu métaphorique du voyage, que l'on pouvait embrasser d'un seul coup d'œil en de belles vues cavalières animées d'éléments pittoresques pour devenir un monde vivant, débordant d'activité, un lieu d'échanges plein d'odeurs et de mouvements, un territoire bruyant et sonore. Les artistes sensibles à la vie moderne ne pouvaient manquer de trouver là (comme dans les gares, ou aux abords des usines) le parfait reflet de leur époque bouleversée par l'industrialisation. Leurs regards se portent désormais sur un nouveau paysage scandé par les silhouettes métalliques des ponts transbordeurs, des grues à vapeur. Ils embrasseront dans leurs compositions les étendues dilatées des quais où se multiplient les entrepôts. Certains, plus attentifs à l'homme, décriront sans complaisance le labeur des débardeurs et dockers évoluant entre les cordages, les passerelles, les rails de chemin de fer et les ballots de marchandises.

Mais le port, c'est aussi cet espace singulier, cet entre-deux mondes, ni tout à fait urbains, ni tout à fait marins, qui semble ouvrir à tous les possibles, un lieu fascinant... À travers 160 œuvres (peintures, gravures, photographies, sculptures, films), parmi lesquelles celles de Boudin, Monet, Pissarro, Signac, Marquet, Laszlo Moholy-Nagy, l'exposition vous invite à un voyage dans le temps, sur les quais...