MANESSIER, Apaisé
Alfred MANESSIER (1911-1993)
Apaisé
1952
huile sur toile
92 x 50,2 cm
Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, achat de la Ville, 1953
© 2011 MuMa Le Havre / Charles Maslard © ADAGP, Paris 2020
Apaisé
1952
huile sur toile
92 x 50,2 cm
Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, achat de la Ville, 1953
© 2011 MuMa Le Havre / Charles Maslard © ADAGP, Paris 2020
Alfred Manessier est né le 5 décembre 1911 en Picardie. Il est issu d’un milieu artisan. Son grand-père maternel était tailleur de pierre. Inspiré par les paysages du Crotoy où il passe régulièrement ses vacances en famille, il réalise ses premières aquarelles en 1923, alors qu’il est âgé de douze ans. Il intègre en 1924 l’École régionale des Beaux-Arts d’Amiens où il reçoit dans un premier temps un enseignement académique de dessin, de peinture et d’architecture. Il peint alors sur le motif d’après les paysages de campagne picards qu’il a sous les yeux. La baie de Somme lui inspire nombre de ses premières œuvres. L’année 1929 marque une première étape dans sa formation car il est reçu en section peinture à l’École des Beaux-Arts de Paris. Il s’installe à Paris. Au musée du Louvre, il s’exerce en réalisant des copies d’après les œuvres de Rembrandt, Renoir, Rubens et Tintoret. Il fait la connaissance de l’artiste Jean Le Moal, peintre qui se tourne rapidement vers la non-figuration.
En 1932, il participe aux rencontres de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires à laquelle Édouard Pignon adhère dans le même temps. Il fait ses premiers envois au Salon des artistes indépendants en 1933. Un an plus tard, en 1934, il peint ses dernières œuvres d’après nature. Il fréquente, avec Jean Le Moal, l’académie Ranson pour suivre un cours d’initiation à la technique de la fresque. Le cours, ouvert dès la rentrée 1934, est assuré par Roger Bissière. Progressivement son œuvre se développe autour de la peinture sacrée, notamment en 1935 lorsqu’il peint son premier grand tableau, Les Dieux marins, aujourd’hui en dépôt au musée des beaux-arts de Nancy.
Avant que la Seconde Guerre mondiale n’éclate, en 1939, Alfred Manessier loue un atelier à Paris et fait la rencontre – décisive pour son œuvre – de Gustave Singier. Il expose, en 1941, lors de l’exposition Vingt jeunes peintres de tradition française organisée par Jean Bazaine à la galerie Braun aux côtés de ses amis Le Moal et Singier. Après-guerre, ces artistes qui s’étaient réunis en 1941 sous la bannière de Jeunes peintres de tradition française tentent de se frayer un chemin sur la scène artistique française alors agitée par les débats autour de l’abstraction et de la figuration. A partir de 1943 les premiers amateurs commencent à se déplacer à son atelier. Il reçoit la visite de Paul Martin – fondateur de la Galerie de France – et de Bernard Dorival. L’État acquiert une première œuvre à l’artiste en 1944, Combat de coq, attribuée au musée national d’art moderne la même année. A partir de 1944, l’artiste passe un accord avec la Galerie Drouin, à Paris. Celle-ci organise une exposition de l’artiste en 1946 avec Jean Le Moal et Gustave Singier. Il participe, en 1945, à la création du Salon de Mai où il expose son tableau Salve Regina. Alfred Manessier s’initie aux arts décoratifs dès 1947 en réalisant un premier carton de tapisserie. C’est également à cette période que les éléments figuratifs disparaissent de ses toiles. Il réalise, entre 1948 et 1950, les vitraux de l’église des Bréseux – en Franche-Comté – sous l’impulsion de l’abbé Maurice Morel qui défend l’art sacré. Les recherches de l’artiste s’orientent ainsi vers le renouveau de l’art sacré. En 1949, la Galerie Jeanne Bucher réalise sa première exposition personnelle qui réunit des lithographies et des aquarelles. Il signe également, au mois de novembre, un contrat avec Gildo Caputo qui expose ses œuvres à Paris à la Galerie Billiet-Caputo.
Alfred Manessier travaille ensuite sur de grands formats sur le thème de la Passion qu’il expose à la Galerie de France en 1952. L’artiste développe son propre langage à travers ses toiles. Il ne réduit pas la peinture à ce qu’il y a de visuel mais tente de tenir compte des émotions qui se dégagent du sujet par l’utilisation des couleurs et de la lumière. Il essaie de maintenir un contact avec la réalité d’où il puise son inspiration. Il s’éloigne de la figuration sans plonger totalement dans l’abstraction comme l’explique Bernard Dorival dans un article publié dans L’Œil au mois d’octobre 1955 :
« Manessier évolue ainsi vers une peinture affranchie de la figuration – ce qui ne veut pas dire, tant s’en faut, abstraite.[1] »
Reynold Arnould et Alfred Manessier se connaissaient particulièrement bien. Ils se sont rencontrés en 1947 par l’intermédiaire du mécène Camille Renault installé à Puteaux où il tenait son restaurant. Ils restent proches et réalisent ensemble avec Henri-Georges Adam un voyage en Hollande en 1955.
En 1953, Reynold Arnould, alors conservateur du musée du Havre, acquiert une première toile de Manessier, Apaisé, réalisée en 1952. L’œuvre a été acquise par le biais de la Galerie de France pour le prix de 100 000 Francs. Elle faisait partie de l’exposition présentée la même année par la Galerie de France sur le thème de la Passion. L’œuvre s’inscrit dans la veine de l’art sacré. Forme et couleur dominent la composition. La couleur verte est très présente dans différents camaïeux. Les formes sont géométrisées puisque l’on retrouve des triangles et des rectangles au cœur de la composition.
En 1958, il achète deux lithographies de l’artiste, Composition, portant le numéro six et le numéro soixante-huit. Elles sont de nouveau acquises auprès de la Galerie de France pour le prix de 20 000 Francs.
Reynold Arnould accordait sans doute une importance particulière à la seule peinture que le musée possède de l’artiste, Apaisé, puisqu’il la présente en 1953 dans l’exposition De Corot à nos jours au musée du Havre. Le tableau est enfin accroché sur les cimaises lors de l’inauguration du Musée-maison de la Culture du Havre le 24 juin 1961[2].
[1] DORIVAL Bernard, « Alfred Manessier, artisan religieux », In. L’Œil, octobre 1955, pp. 26-31 et p.46.
[2] ARNOULD Reynold, Catalogue des œuvres appartenant aux collections de la Ville du Havre présentées à l’occasion de l’inauguration du Musée-Maison de la Culture 24 juin 1961, Le Havre, ancienne imprimerie Etaix.
En 1932, il participe aux rencontres de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires à laquelle Édouard Pignon adhère dans le même temps. Il fait ses premiers envois au Salon des artistes indépendants en 1933. Un an plus tard, en 1934, il peint ses dernières œuvres d’après nature. Il fréquente, avec Jean Le Moal, l’académie Ranson pour suivre un cours d’initiation à la technique de la fresque. Le cours, ouvert dès la rentrée 1934, est assuré par Roger Bissière. Progressivement son œuvre se développe autour de la peinture sacrée, notamment en 1935 lorsqu’il peint son premier grand tableau, Les Dieux marins, aujourd’hui en dépôt au musée des beaux-arts de Nancy.
Avant que la Seconde Guerre mondiale n’éclate, en 1939, Alfred Manessier loue un atelier à Paris et fait la rencontre – décisive pour son œuvre – de Gustave Singier. Il expose, en 1941, lors de l’exposition Vingt jeunes peintres de tradition française organisée par Jean Bazaine à la galerie Braun aux côtés de ses amis Le Moal et Singier. Après-guerre, ces artistes qui s’étaient réunis en 1941 sous la bannière de Jeunes peintres de tradition française tentent de se frayer un chemin sur la scène artistique française alors agitée par les débats autour de l’abstraction et de la figuration. A partir de 1943 les premiers amateurs commencent à se déplacer à son atelier. Il reçoit la visite de Paul Martin – fondateur de la Galerie de France – et de Bernard Dorival. L’État acquiert une première œuvre à l’artiste en 1944, Combat de coq, attribuée au musée national d’art moderne la même année. A partir de 1944, l’artiste passe un accord avec la Galerie Drouin, à Paris. Celle-ci organise une exposition de l’artiste en 1946 avec Jean Le Moal et Gustave Singier. Il participe, en 1945, à la création du Salon de Mai où il expose son tableau Salve Regina. Alfred Manessier s’initie aux arts décoratifs dès 1947 en réalisant un premier carton de tapisserie. C’est également à cette période que les éléments figuratifs disparaissent de ses toiles. Il réalise, entre 1948 et 1950, les vitraux de l’église des Bréseux – en Franche-Comté – sous l’impulsion de l’abbé Maurice Morel qui défend l’art sacré. Les recherches de l’artiste s’orientent ainsi vers le renouveau de l’art sacré. En 1949, la Galerie Jeanne Bucher réalise sa première exposition personnelle qui réunit des lithographies et des aquarelles. Il signe également, au mois de novembre, un contrat avec Gildo Caputo qui expose ses œuvres à Paris à la Galerie Billiet-Caputo.
Alfred Manessier travaille ensuite sur de grands formats sur le thème de la Passion qu’il expose à la Galerie de France en 1952. L’artiste développe son propre langage à travers ses toiles. Il ne réduit pas la peinture à ce qu’il y a de visuel mais tente de tenir compte des émotions qui se dégagent du sujet par l’utilisation des couleurs et de la lumière. Il essaie de maintenir un contact avec la réalité d’où il puise son inspiration. Il s’éloigne de la figuration sans plonger totalement dans l’abstraction comme l’explique Bernard Dorival dans un article publié dans L’Œil au mois d’octobre 1955 :
« Manessier évolue ainsi vers une peinture affranchie de la figuration – ce qui ne veut pas dire, tant s’en faut, abstraite.[1] »
Reynold Arnould et Alfred Manessier se connaissaient particulièrement bien. Ils se sont rencontrés en 1947 par l’intermédiaire du mécène Camille Renault installé à Puteaux où il tenait son restaurant. Ils restent proches et réalisent ensemble avec Henri-Georges Adam un voyage en Hollande en 1955.
En 1953, Reynold Arnould, alors conservateur du musée du Havre, acquiert une première toile de Manessier, Apaisé, réalisée en 1952. L’œuvre a été acquise par le biais de la Galerie de France pour le prix de 100 000 Francs. Elle faisait partie de l’exposition présentée la même année par la Galerie de France sur le thème de la Passion. L’œuvre s’inscrit dans la veine de l’art sacré. Forme et couleur dominent la composition. La couleur verte est très présente dans différents camaïeux. Les formes sont géométrisées puisque l’on retrouve des triangles et des rectangles au cœur de la composition.
En 1958, il achète deux lithographies de l’artiste, Composition, portant le numéro six et le numéro soixante-huit. Elles sont de nouveau acquises auprès de la Galerie de France pour le prix de 20 000 Francs.
Reynold Arnould accordait sans doute une importance particulière à la seule peinture que le musée possède de l’artiste, Apaisé, puisqu’il la présente en 1953 dans l’exposition De Corot à nos jours au musée du Havre. Le tableau est enfin accroché sur les cimaises lors de l’inauguration du Musée-maison de la Culture du Havre le 24 juin 1961[2].
[1] DORIVAL Bernard, « Alfred Manessier, artisan religieux », In. L’Œil, octobre 1955, pp. 26-31 et p.46.
[2] ARNOULD Reynold, Catalogue des œuvres appartenant aux collections de la Ville du Havre présentées à l’occasion de l’inauguration du Musée-Maison de la Culture 24 juin 1961, Le Havre, ancienne imprimerie Etaix.
Par Claire Rançon et Clémence Poivet-Ducroix, MuMa Le Havre
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