ARNOULD, Mouvement I. 1er état
Reynold ARNOULD (1919-1980)
Mouvement I. 1er état
vers 1958-1959
huile sur toile
81,5 x 116,5 cm
Le Havre, musée d'art moderne André Malraux.
© 2016 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Mouvement I. 1er état
vers 1958-1959
huile sur toile
81,5 x 116,5 cm
Le Havre, musée d'art moderne André Malraux.
© 2016 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Ce tableau est le premier état d’une œuvre d’un format plus grand qui porte le numéro 1 au catalogue de Forces et rythmes de l’industrie (1959) de Reynold Arnould. Cette œuvre éponyme est la seule reproduite en couleur dans ce catalogue. Elle a été acquise par l’entreprise Air-France, qui, comme les autres mécènes de l’exposition de Reynold Arnould a été rémunérée par des tableaux, valorisés « au point » au prorata de sa participation financière. Ce tableau a décoré le bureau d’un cadre dirigeant de la compagnie, puis la salle de son conseil d'administration dans son siège de la tour Maine-Montparnasse jusqu'en 1992. Il a été versé en 1972 dans les collections du Musée Air-France qui n’existe qu’à l’état virtuel. Ce tableau représente une hélice d’avion en rotation, vraisemblablement celle du Lockheed Constellation, avion de ligne à quatre hélices qui équipait la compagnie Air-France. Il est apparenté à deux gouaches intitulées Formes ailées I et II, numérotées 181 et 182 au catalogue de Forces et rythmes de l’industrie. Ces œuvres font partie de celles les plus inspirées par la tradition futuriste italienne. Le vieux maître du futurisme, Gino Severini avait d’ailleurs visité l’exposition de Reynold Arnould et avait considéré le jeune peintre comme le digne héritier de leur tradition : « La machine, prise comme source et comme base de création, transcendée poétiquement, était exprimée sous des formes extrêmement variées et vivantes, dans un lyrisme humain et dynamique, tel que l’avaient pensé les futuristes.[1]»
La comparaison du tableau du Havre et de celui d’Air-France témoigne du travail d’Arnould. Le dessin est conservé dans ses grandes lignes, de même que l’harmonie colorée. Mais le peintre a forcé les contrastes, les noirs et les blancs faisant ainsi mieux chanter les bleus qui dominent la composition. Il a simplifié sa gamme chromatique en supprimant les verts et roses et en ne maintenant que certains aplats jaune pâle. Il a renoncé aussi au petit triangle rouge isolé qui, placé à l’extrême gauche de la toile du Havre, sonne comme une énigme. En revanche, il a travaillé certaines surfaces avec des striures, notamment un triangle central, que l’animation de sa surface distingue de tout le reste de la composition et qui, de ce fait, offre une focale au regard.
[1] Gino Severini, « Macchine epoca industriale et arte », in Civiltà delle macchine, 9e année, n° 1, janvier-février 1961, p. 37-42 ; traduction française in Écrits sur l’art, Paris, Diagonales, 1987, p. 365-380 : 374.
Notice établie par François Vatin, auteur avec Gwenaële Rot de l'ouvrage Reynold Arnould. Une poétique de l'industrie, Paris, Presses universitaires de Nanterre, 2019
La comparaison du tableau du Havre et de celui d’Air-France témoigne du travail d’Arnould. Le dessin est conservé dans ses grandes lignes, de même que l’harmonie colorée. Mais le peintre a forcé les contrastes, les noirs et les blancs faisant ainsi mieux chanter les bleus qui dominent la composition. Il a simplifié sa gamme chromatique en supprimant les verts et roses et en ne maintenant que certains aplats jaune pâle. Il a renoncé aussi au petit triangle rouge isolé qui, placé à l’extrême gauche de la toile du Havre, sonne comme une énigme. En revanche, il a travaillé certaines surfaces avec des striures, notamment un triangle central, que l’animation de sa surface distingue de tout le reste de la composition et qui, de ce fait, offre une focale au regard.
[1] Gino Severini, « Macchine epoca industriale et arte », in Civiltà delle macchine, 9e année, n° 1, janvier-février 1961, p. 37-42 ; traduction française in Écrits sur l’art, Paris, Diagonales, 1987, p. 365-380 : 374.
Notice établie par François Vatin, auteur avec Gwenaële Rot de l'ouvrage Reynold Arnould. Une poétique de l'industrie, Paris, Presses universitaires de Nanterre, 2019
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