PUY, Nature morte, bouquet d’oranges dans un pichet
Jean PUY (1876-1960)
Nature morte, bouquet d’oranges dans un pichet ou Collioure
1913
huile sur bois
46 x 38 cm
© MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn — © ADAGP, Paris, 2015
Nature morte, bouquet d’oranges dans un pichet ou Collioure
1913
huile sur bois
46 x 38 cm
© MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn — © ADAGP, Paris, 2015
En 1913, Jean Puy part passer l’hiver à partir du mois de février à Collioure. À cette époque, son ami Henri Matisse voyage au Maroc mais les deux artistes entretiennent une correspondance suivie dans laquelle Jean Puy fait tout à la fois état de sa grande fatigue physique et de ses difficultés à peindre. Aux conseils de Matisse qui lui recommande de se reposer, le peintre oppose son incapacité à rester inactif. Hommage à son ami fauve qui multiplia les natures mortes avec oranges ou opportunité de renouveler son iconographie en recourant aux végétaux locaux, Jean Puy peint, lors de son séjour à Collioure, deux natures mortes avec oranges. L’une d’entre elles, plutôt cézannienne dans l’arrangement de la composition et le traitement des formes, est entrée dans les collections des musées de la ville de Poitiers à la suite du legs Brisson.
La nature morte de la collection Senn est un morceau de recherches plastique qui sacrifie peu à la vraisemblance. Le bouquet d’oranges dont on ne distingue pas les branches paraît tenir artificiellement dans le col étroit du pichet de verre. Ce que l’artiste à cherché à exprimer tient plus dans les oppositions formelles : transparence du récipient de verre et belle rotondité des fruits gorgés de soleil. Bien que la palette de Puy reste très naturaliste, l’artiste parvient à exalter ses couleurs pour rendre la chaleur et l’exotisme de ces fruits méditerranéens. Concession à Cézanne, dont il a découvert l’œuvre grâce à Matisse, les deux oranges à droite du pichet, qui insufflent un souffle d’air dans une composition par ailleurs très compacte.
La diversité des touches utilisées dans le traitement du fond, celui des fruits, des feuilles ou du pichet montre que cette œuvre est bel et bien un exercice technique dans lequel Puy tente de résoudre la difficulté à traduire des effets de matière contradictoires : transparence, irisation et poli du verre, matité granuleuse des fruits et exubérance incontrôlable des feuillages. L’une des plus grandes réussites tient dans l’empâtement de matière blanc qui illumine le pichet et lui confère tout à la fois son éclat et son volume, tandis qu’au-dessus, une orange modelée à grand renfort de couleur pure paraît se souvenir de tout ce que l’art des Fauves devait à Van Gogh.
La nature morte de la collection Senn est un morceau de recherches plastique qui sacrifie peu à la vraisemblance. Le bouquet d’oranges dont on ne distingue pas les branches paraît tenir artificiellement dans le col étroit du pichet de verre. Ce que l’artiste à cherché à exprimer tient plus dans les oppositions formelles : transparence du récipient de verre et belle rotondité des fruits gorgés de soleil. Bien que la palette de Puy reste très naturaliste, l’artiste parvient à exalter ses couleurs pour rendre la chaleur et l’exotisme de ces fruits méditerranéens. Concession à Cézanne, dont il a découvert l’œuvre grâce à Matisse, les deux oranges à droite du pichet, qui insufflent un souffle d’air dans une composition par ailleurs très compacte.
La diversité des touches utilisées dans le traitement du fond, celui des fruits, des feuilles ou du pichet montre que cette œuvre est bel et bien un exercice technique dans lequel Puy tente de résoudre la difficulté à traduire des effets de matière contradictoires : transparence, irisation et poli du verre, matité granuleuse des fruits et exubérance incontrôlable des feuillages. L’une des plus grandes réussites tient dans l’empâtement de matière blanc qui illumine le pichet et lui confère tout à la fois son éclat et son volume, tandis qu’au-dessus, une orange modelée à grand renfort de couleur pure paraît se souvenir de tout ce que l’art des Fauves devait à Van Gogh.