Renoir, Tête d’enfant et pomme
Tête d’enfant et pomme – fragment est la 7e œuvre de Renoir à entrer dans les collections du MuMa, et comme les précédentes, par voie de don. Madame Veuve Robert Boyez née Masana- Mas, qui la donne au musée cette année, s’inscrit donc dans la lignée de Charles –Auguste Marande qui légua en 1936 L’Excursionniste, et d’Hélène Senn-Foulds qui donna en 2004 cinq oeuvres de Renoir ayant appartenu à son grand-père, Olivier Senn, dont le Portrait de Nini Lopez, l’un des chefs d’œuvre du MuMa.
Cette petite esquisse qui juxtapose de manière inattendue une pomme et un visage de fillette faisait partie à l’origine d’une toile de plus grandes dimensions que Renoir avait recouverte d’études peintes, essentiellement des fruits posés sur des nappes à côté de serviettes froissées et de deux petits portraits, celui de profil d’une jeune fille en blouse et un autre, à mi-corps, d’une femme nue accoudée, le regard fixé au loin.
Selon le peintre Albert André, ami de Renoir, l’artiste avait l’habitude de semer des croquis à l’huile aux quatre coins de ses toiles. Il multipliait à l’envi de petites études sur un même support en vue d’une composition plus ambitieuse. « Ce travail lui [était] une sorte d’entraînement à l’œuvre définitive » rapporte son ami. Les sujets n’ont souvent que peu à voir entre eux, hormis d’avoir été pensés pour une même composition. Dès le vivant de l’artiste, nombre de ces toiles d’études furent découpées afin d’en faire des œuvres à part entière, comme c’est sans doute le cas pour notre tableautin. Renoir appréciait peu ces pratiques mercantiles, considérant qu’elles conféraient à ces esquisses un autre statut qu’il ne leur reconnaissait pas.
Cela n’enlève rien pourtant au charme de cette association – un pomme et une fillette aux joues rondes, tant elle révèle de tendresse pour le monde de l’enfance. Renoir partage cette empathie avec Mary Cassatt, Berthe Morisot ou Edouard Vuillard qui accordèrent une attention toute particulière aux enfants. Renoir exécuta de merveilleux portraits de ses fils, Pierre (né en 1885), Jean (né en 1894) et Claude, surnommé affectueusement Coco (né en 1901), dont il s’amusa à immortaliser les visages ronds, les joues pleines et roses de santé. Dans une scène de douce intimité domestique, l’artiste met en scène cette association pomme/visage d’enfant en représentant le petit Jean, joufflu à souhait, assis sur les genoux de sa nourrice, qui tend la main pour attraper le fruit, aussi rond que ses joues, qu’une fillette fait mine de croquer (L’Enfant à la pomme, ou Gabrielle, Jean Renoir et une fillette, vers 1895-1896, pastel, coll. Léone Cettolin - Dauberville).
Dans le fragment découpé, le rapprochement des sujets illustre de manière plus synthétique encore la comparaison affectueuse suggérée par l’artiste à la manière d’un rébus.
Cette petite toile rejoint dans les collections du MuMa une autre œuvre de Renoir ayant subi le même sort. Portrait de jeune fille lisant est à peine plus grand (14 x 12 cm) et le cadrage laisse apparaître autour de la figure de l’adolescente plongée dans sa lecture, trois amorces d’autres sujets que la découpe a escamotés. Olivier Senn qui l’avait acquis en 1938 avait, trois ans plus tôt, emporté aux enchères une de ces toiles couvertes d’esquisses peintes (Têtes, arbres et fruits, vers 1892, 31 x 33 cm) qui, elle, avait conservé son intégrité de toile d’études.
Selon le peintre Albert André, ami de Renoir, l’artiste avait l’habitude de semer des croquis à l’huile aux quatre coins de ses toiles. Il multipliait à l’envi de petites études sur un même support en vue d’une composition plus ambitieuse. « Ce travail lui [était] une sorte d’entraînement à l’œuvre définitive » rapporte son ami. Les sujets n’ont souvent que peu à voir entre eux, hormis d’avoir été pensés pour une même composition. Dès le vivant de l’artiste, nombre de ces toiles d’études furent découpées afin d’en faire des œuvres à part entière, comme c’est sans doute le cas pour notre tableautin. Renoir appréciait peu ces pratiques mercantiles, considérant qu’elles conféraient à ces esquisses un autre statut qu’il ne leur reconnaissait pas.
Cela n’enlève rien pourtant au charme de cette association – un pomme et une fillette aux joues rondes, tant elle révèle de tendresse pour le monde de l’enfance. Renoir partage cette empathie avec Mary Cassatt, Berthe Morisot ou Edouard Vuillard qui accordèrent une attention toute particulière aux enfants. Renoir exécuta de merveilleux portraits de ses fils, Pierre (né en 1885), Jean (né en 1894) et Claude, surnommé affectueusement Coco (né en 1901), dont il s’amusa à immortaliser les visages ronds, les joues pleines et roses de santé. Dans une scène de douce intimité domestique, l’artiste met en scène cette association pomme/visage d’enfant en représentant le petit Jean, joufflu à souhait, assis sur les genoux de sa nourrice, qui tend la main pour attraper le fruit, aussi rond que ses joues, qu’une fillette fait mine de croquer (L’Enfant à la pomme, ou Gabrielle, Jean Renoir et une fillette, vers 1895-1896, pastel, coll. Léone Cettolin - Dauberville).
Dans le fragment découpé, le rapprochement des sujets illustre de manière plus synthétique encore la comparaison affectueuse suggérée par l’artiste à la manière d’un rébus.
Cette petite toile rejoint dans les collections du MuMa une autre œuvre de Renoir ayant subi le même sort. Portrait de jeune fille lisant est à peine plus grand (14 x 12 cm) et le cadrage laisse apparaître autour de la figure de l’adolescente plongée dans sa lecture, trois amorces d’autres sujets que la découpe a escamotés. Olivier Senn qui l’avait acquis en 1938 avait, trois ans plus tôt, emporté aux enchères une de ces toiles couvertes d’esquisses peintes (Têtes, arbres et fruits, vers 1892, 31 x 33 cm) qui, elle, avait conservé son intégrité de toile d’études.
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