BASILICO, Le Havre. L'église Saint-Joseph

Gabriele BASILICO (1944-2013), Le Havre. L'église Saint-Joseph, 1984, photographie couleur, tirage au gelatino-bromure d’argent, 60 x 50 cm. © MuMa Le Havre / Gabriele Basilico
Gabriele BASILICO (1944-2013)
Le Havre. L'église Saint-Joseph
1984
photographie couleur, tirage au gelatino-bromure d’argent
60 x 50 cm
© MuMa Le Havre / Gabriele Basilico
Gabriele Basilico vit à Milan, où il est né en 1944. Lauréat de nombreux prix, il parcourt le monde, photographiant inlassablement les paysages en mutation de notre société contemporaine.

Dans la lignée des grandes commandes publiques photographiques qui scandent l'histoire de la photographie depuis sa création en 1839, la Datar (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale), organisme non culturel dépendant du ministère du Plan, lance en 1984 une vaste commande photographique du paysage français, dont le but est de proposer « une représentation du paysage contemporain qui en permette la reconnaissance, la compréhension et la transformation ». Vingt-huit artistes se voient confier une partie du territoire national, dont Gabriele Basilico, à qui échoit le littoral du nord de la France, entre Dunkerque et Cherbourg. Durant six mois, Basilico sillonne la région, s'arrêtant dans les petites stations balnéaires, les villages et les grands ports de la côte atlantique, n'hésitant pas à reprendre à son compte les images les plus clichées du paysage français.

Au Havre, où il arrive en 1984, Basilico revisite le centre-ville parcouru par Lucien Hervé en 1956 et s'attarde devant les édifices les plus importants, dont le tout nouveau théâtre construit par Oscar Niemeyer. L'absence de trace humaine, la distance savamment étudiée par rapport au sujet, le choix d'une lumière zénithale qui efface les ombres, accentuent le caractère monumental et classique de l'architecture. Basilico poursuit son exploration de la ville sur les lieux des nouveaux enjeux économiques. Au fil des décennies, à l'occasion des chantiers de modernisation, le port s'est encore éloigné du centre-ville. Basilico arpente les quais, les zones d'entrepôts, les ateliers de réparation, les cales de radoub. Il y applique le même dispositif de prise de vue que dans le centre « historique », ce qui a pour effet d'ennoblir ces architectures industrielles. Mais, à l'opposé de la monumentalité du centre-ville, l'artiste trouve dans ces zones en mutation l'occasion d'exprimer la vacuité des nouveaux espaces urbains, autre sujet de ses photographies.

Basilico a accordé une grande importance à ce travail, qu'il a présenté dans une publication et dans pas moins de trois expositions et qu'il a inclus dans toutes les rétrospectives consacrées à son œuvre, revenant longuement sur cette expérience et allant jusqu'à la considérer comme susceptible d'être réactualisée.

Œuvres commentées : Photographie (6)

Lucien HERVÉ (1910-2007), La Tour de l'hôtel de ville depuis les ISAI, 1956, photographie argentique – tirage papier, 38 x 39 cm. © MuMa Le Havre / Lucien Hervé
Gabriele BASILICO (1944-2013), Le Havre. L'église Saint-Joseph, 1984, photographie couleur, tirage au gelatino-bromure d’argent, 60 x 50 cm. © MuMa Le Havre / Gabriele Basilico
Véronique ELLENA (1966), Le Havre. Les amoureux de l'hôtel de ville, 2007, photographie couleur contrecollée sur aluminium sous plexiglas. © MuMa Le Havre / Véronique Ellena
Olivier MÉRIEL (1955), Escalier. © MuMa Le Havre / Olivier Mériel
Studio MARLOT & CHOPARD, Black Church # 9, 2007, photographie couleur, tirage type chromogène contrecollé sur aluminium, 160 x 120 cm. © MuMa Le Havre / Studio Marlot & Chopard © Adagp, Paris
Stéphane COUTURIER (1957), Rome. Via dei Fori Imperiali, série « Archéologies urbaines », 2000, photographie, 137 x 186 cm (avec cadre). Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don de l'artiste, 2002. © 2020 MuMa Le Havre / Charles Maslard