Retour sur l’atelier Carton Pixel des Journées du Patrimoine
Pour les Journées Européennes du Patrimoine 2020, le MuMa a ouvert ses portes à l’association l minuscu(le) (Claire Le Breton et Simon Leroux) pour une seconde édition de leur atelier itinérant Carton Pixel. L’atelier avait pour point de départ une œuvre phare de l’exposition Nuits électriques, la très grande toile de Sonia Delaunay, Prismes électriques (1914). Revenons ensemble sur le dispositif Carton Pixel avec l’un de ses créateurs, la plasticienne Claire Le Breton
- Œuvre interprétée dans la cour du MuMa. © Claire Le Breton
- Découpage des pixels en cartons. © Claire Le Breton
- Installation du support de projection. © Claire Le Breton
- Projection de l'œuvre pixélisée. © Claire Le Breton
- Jeunes participants posant des pixels. © Claire Le Breton
- Accrochage de l'œuvre interprétée. © Claire Le Breton
- Œuvre interprétée dans la cour du MuMa. © Claire Le Breton
MuMa : Pour le projet Carton Pixel, évoquons ensemble la genèse du dispositif. Comment ce projet est-il né ? Quels ont été vos inspirations ainsi que votre processus de réflexion ?
Claire Le Breton : Le projet a émergé avec Simon Leroux, un artiste multimédia en 2018. L’idée était de faire cohabiter dans un même espace un matériau organique comme le carton, support que j’utilise beaucoup, avec une technologie numérique que maîtrise Simon. De mon côté, ce n’est pas la première fois que je travaille avec du carton. Depuis 2014, j’ai expérimenté ce support dans différents ateliers réalisés avec des scolaires. À Etretat, j’ai travaillé avec des enfants du primaire sur le projet Cubes Cônes Sphère, Tout en couleurs. Ces projets pédagogiques se révélaient être des tests grandeur nature pour mes futurs dispositifs.
Ma rencontre avec Simon Leroux a été décisive, car nous avons très rapidement décidé de concevoir un dispositif mêlant nos deux univers. Après de belles phases de recherches, nous avons mis au point avec l’aide d’un constructeur un support en bois facilement montable et transportable. Ce support en bois a permis à Simon de fixer son dispositif de projection où sont ensuite posés les pixels.
La phase la plus complexe était la pixellisation de l’œuvre de Sonia Delaunay. Tout d’abord, il a fallu analyser chaque pixel de l'image d'origine. Ensuite, on a défini 12 nuances de couleur préétablies en fonction de leur teinte, de leur saturation et de leur luminosité. À partir de ce classement de couleur, le nombre de pixels par nuance a été arrêté pour pouvoir afficher chaque ensemble de pixels par nuance. Ainsi, le participant peut choisir d'afficher l'ensemble des couleurs ou chaque couleur séparément via un petit boîtier.
MuMa : Pourquoi avez-vous choisi spécifiquement l’œuvre Prismes électriques de Sonia Delaunay ?
Claire Le Breton : Quand on met en place un atelier participatif mis à la disposition du public lors de grands événements comme les Journées Européennes du Patrimoine, le public est très large. C’est un événement national populaire qui attire un public plutôt furtif. Il fallait donc trouver une œuvre qui fédère et unit tous ces publics autour d’un même projet, à savoir Carton Pixel. L’œuvre devait donc toucher et émouvoir rapidement les visiteurs. L’œuvre de Sonia Delaunay, Prismes électriques, nous paraissait être idéale. Cette toile, hypnotique et saisissante, attire le regard par ses couleurs vives et contrastées. Elle donne à réfléchir sur la couleur et son utilité, on apprend réellement à regarder la couleur, et c’est exactement le but de l’atelier Carton Pixel.
MuMa : Revenons un peu sur le duo que vous formez avec Simon Leroux. Comment s’est faite votre rencontre ? Travaillez-vous ensemble sur d’autres projets ?
Claire Le Breton : Ma rencontre avec Simon Leroux a eu lieu lors d’un événement organisé au Tétris, un lieu de rencontre où coexistent culture et musique dans un esprit solidaire. Nous présentions alors chacun de notre côté un atelier. Après avoir échangé sur nos démarches artistiques et nos projets respectifs, nous avons eu un « coup de foudre artistique ». Très rapidement, nous avions envie de travailler ensemble sur un projet commun. Et c’est en 2017 que Simon a rejoint l’association l minuscu(le) que j’ai fondée.
MuMa : Dans votre processus créatif et artistique, pourquoi vouloir travailler avec le public ? Quelle est la plus-value du côté participatif ?
Claire Le Breton : Simon Leroux et moi avons la même philosophie artistique et partageons les valeurs de l’éducation populaire. Dans nos projets, nous ne pouvons pas envisager la réflexion sans inclure le public dans le processus de création. Au fur et à mesure, les institutions ont commencé à nous contacter pour monter des projets dans une perspective de collaboration. Ainsi, nous avons réalisé Carton Pixel, un dispositif « clé en main ». Il a été conçu pour itinérer et créer une communauté, connecter avec une sorte de lien imaginaire des individus qui ont participé à ce même projet à différents moments et lieux, sans se connaitre.
MuMa : Comment avez-vous senti le public, son engagement durant ce deuxième atelier Carton Pixel ?
Claire Le Breton : Au début, les visiteurs étaient très curieux et sentaient qu’une énergie se dégageait de la salle. Et quand ils se sont prêtés à l’exercice, les participants se sont laissés aller, une mise en confiance s’est opérée. La curiosité a laissé place à la concentration et doucement l’interprétation de l’œuvre naissait sous l’action des participants. Et même s’ils n’avaient pu poser qu’un seul pixel, la satisfaction d’avoir contribué à un projet participatif était néanmoins ressentie.
MuMa : Quel a été votre meilleur moment durant cet atelier au MuMa ? Une anecdote, un souvenir à partager ?
Claire Le Breton : Ce genre de projet qui suscite beaucoup d’énergie, crée aussi des moments assez forts. Pour moi, le moment qui m’a le plus marqué était à la fin de l’atelier, quand les derniers pixels étaient en train d’être posés. La concentration était à son comble et la tension palpable. Et lorsque le 1764e pixel a été posé à 17h30 précisément, ce fut un moment d’exaltation, de satisfaction et de joie. Les participants ont même applaudi !
Claire Le Breton : Le projet a émergé avec Simon Leroux, un artiste multimédia en 2018. L’idée était de faire cohabiter dans un même espace un matériau organique comme le carton, support que j’utilise beaucoup, avec une technologie numérique que maîtrise Simon. De mon côté, ce n’est pas la première fois que je travaille avec du carton. Depuis 2014, j’ai expérimenté ce support dans différents ateliers réalisés avec des scolaires. À Etretat, j’ai travaillé avec des enfants du primaire sur le projet Cubes Cônes Sphère, Tout en couleurs. Ces projets pédagogiques se révélaient être des tests grandeur nature pour mes futurs dispositifs.
Ma rencontre avec Simon Leroux a été décisive, car nous avons très rapidement décidé de concevoir un dispositif mêlant nos deux univers. Après de belles phases de recherches, nous avons mis au point avec l’aide d’un constructeur un support en bois facilement montable et transportable. Ce support en bois a permis à Simon de fixer son dispositif de projection où sont ensuite posés les pixels.
La phase la plus complexe était la pixellisation de l’œuvre de Sonia Delaunay. Tout d’abord, il a fallu analyser chaque pixel de l'image d'origine. Ensuite, on a défini 12 nuances de couleur préétablies en fonction de leur teinte, de leur saturation et de leur luminosité. À partir de ce classement de couleur, le nombre de pixels par nuance a été arrêté pour pouvoir afficher chaque ensemble de pixels par nuance. Ainsi, le participant peut choisir d'afficher l'ensemble des couleurs ou chaque couleur séparément via un petit boîtier.
MuMa : Pourquoi avez-vous choisi spécifiquement l’œuvre Prismes électriques de Sonia Delaunay ?
Claire Le Breton : Quand on met en place un atelier participatif mis à la disposition du public lors de grands événements comme les Journées Européennes du Patrimoine, le public est très large. C’est un événement national populaire qui attire un public plutôt furtif. Il fallait donc trouver une œuvre qui fédère et unit tous ces publics autour d’un même projet, à savoir Carton Pixel. L’œuvre devait donc toucher et émouvoir rapidement les visiteurs. L’œuvre de Sonia Delaunay, Prismes électriques, nous paraissait être idéale. Cette toile, hypnotique et saisissante, attire le regard par ses couleurs vives et contrastées. Elle donne à réfléchir sur la couleur et son utilité, on apprend réellement à regarder la couleur, et c’est exactement le but de l’atelier Carton Pixel.
MuMa : Revenons un peu sur le duo que vous formez avec Simon Leroux. Comment s’est faite votre rencontre ? Travaillez-vous ensemble sur d’autres projets ?
Claire Le Breton : Ma rencontre avec Simon Leroux a eu lieu lors d’un événement organisé au Tétris, un lieu de rencontre où coexistent culture et musique dans un esprit solidaire. Nous présentions alors chacun de notre côté un atelier. Après avoir échangé sur nos démarches artistiques et nos projets respectifs, nous avons eu un « coup de foudre artistique ». Très rapidement, nous avions envie de travailler ensemble sur un projet commun. Et c’est en 2017 que Simon a rejoint l’association l minuscu(le) que j’ai fondée.
MuMa : Dans votre processus créatif et artistique, pourquoi vouloir travailler avec le public ? Quelle est la plus-value du côté participatif ?
Claire Le Breton : Simon Leroux et moi avons la même philosophie artistique et partageons les valeurs de l’éducation populaire. Dans nos projets, nous ne pouvons pas envisager la réflexion sans inclure le public dans le processus de création. Au fur et à mesure, les institutions ont commencé à nous contacter pour monter des projets dans une perspective de collaboration. Ainsi, nous avons réalisé Carton Pixel, un dispositif « clé en main ». Il a été conçu pour itinérer et créer une communauté, connecter avec une sorte de lien imaginaire des individus qui ont participé à ce même projet à différents moments et lieux, sans se connaitre.
MuMa : Comment avez-vous senti le public, son engagement durant ce deuxième atelier Carton Pixel ?
Claire Le Breton : Au début, les visiteurs étaient très curieux et sentaient qu’une énergie se dégageait de la salle. Et quand ils se sont prêtés à l’exercice, les participants se sont laissés aller, une mise en confiance s’est opérée. La curiosité a laissé place à la concentration et doucement l’interprétation de l’œuvre naissait sous l’action des participants. Et même s’ils n’avaient pu poser qu’un seul pixel, la satisfaction d’avoir contribué à un projet participatif était néanmoins ressentie.
MuMa : Quel a été votre meilleur moment durant cet atelier au MuMa ? Une anecdote, un souvenir à partager ?
Claire Le Breton : Ce genre de projet qui suscite beaucoup d’énergie, crée aussi des moments assez forts. Pour moi, le moment qui m’a le plus marqué était à la fin de l’atelier, quand les derniers pixels étaient en train d’être posés. La concentration était à son comble et la tension palpable. Et lorsque le 1764e pixel a été posé à 17h30 précisément, ce fut un moment d’exaltation, de satisfaction et de joie. Les participants ont même applaudi !
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© Claire Le Breton et Simon Leroux, 2020
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Billet de blog du vendredi 06 novembre 2020
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