Comment vous est venue l’idée de créer un tel espace ? L’idée de créer un espace de découverte est venue du fait qu’au sein des expositions du MuMa, en dehors des textes de salle, il n’y avait pas d’outil, proposé au public pour prolonger sa visite, comprendre, découvrir… Ce type d’espace est désormais incontournable et l'on en trouve dans de nombreux musées.
Avec Jeanne Busato, Gaëlle Cornec, Karine Martin de Beaucé et Emmanuelle Riand, médiatrices du Service des Publics, nous avons conçu un lieu dans l’exposition qui permet d’accompagner le visiteur, mais aussi de capter un public qui ne vient pas forcément aux visites ou aux ateliers. Tous les visiteurs n’ont pas les mêmes attentes, et cet outil permet de toucher un public peut-être plus varié.
L’espace pédagogique de l’exposition « Nicolas de Staël. Lumières du Nord. Lumières du Sud », notre première expérience en la matière a eu beaucoup de succès l’année dernière, et créer un tel espace pour l’exposition Feininger était l’occasion de pérenniser cette formule.
 
Comment faire cohabiter ce type d’espace avec les œuvres ? Pour choisir l’emplacement, il est nécessaire de respecter l’esthétique du musée et de s’adapter à la scénographie de l’exposition.
Pour « Lyonel Feininger, l’arpenteur du monde », nous avons pu installer l’espace de découverte dans la nef du musée, à condition qu’il soit cloisonné. Ainsi, il ne gêne pas la perception générale de l’espace. On ne le remarque qu’en commençant la visite de l’exposition, les visiteurs peuvent alors décider d’y aller tout de suite ou d’y revenir à la fin. En fait, le public l’utilise de manière très spontanée en toute liberté.
Situé dans un endroit lumineux avec vue sur la mer, c’est un espace agréable à fréquenter ! Sa position permet également de servir de point de départ pour certaines visites, ou d’y organiser des ateliers, comme pendant la Nuit des musées.
 
Que pouvons-nous trouver dans cet espace ? Une bibliothèque pour se détendre, mais aussi pour aller plus loin et prolonger sa visite. Elle est constituée d’ouvrages documentaires (pour découvrir le Bauhaus, la gravure…), de bandes dessinées, de livres jeunesse… Choisis en rapport avec l’exposition, ces livres permettent au visiteur, d’une façon ou d’une autre, de poursuivre sa découverte des œuvres.
Il y a également un endroit spécifiquement consacré à la gravure. L’équipe s’est rendu compte que cette technique est méconnue du grand public. Nous avons donc souhaité permettre aux visiteurs d’appréhender la gravure de manière simple afin de mieux la comprendre.
  Avec l’équipe des médiatrices, nous avons donc conçu un parcours de découverte. La première étape consiste à exposer différents supports vierges et matrices sur un mur. Ils permettent de voir directement le travail du graveur sur la matière. Nous avons également installé un meuble dont les tiroirs, aménagés comme des vitrines, contiennent des outils, mais aussi les résultats des gravures, une pierre lithographique et même des partitions, car Feininger était compositeur. On peut d’ailleurs écouter de la musique dans un coin de l’espace, notamment des compositions de Bach qui ont inspiré Feininger.
En relation avec ces différents éléments, nous avons installé une presse, qui provient de l’atelier du musée. Ainsi, le visiteur peut se familiariser avec l’objet et son fonctionnement : on en comprend assez vite le mécanisme et le rôle dans le processus de gravure, simplement en le regardant.
 
Vous proposez aussi des jeux. Comment les avez-vous choisis ? C’est là encore le résultat d’un travail de réflexion et de collaboration avec l’équipe des médiatrices. En premier lieu, nous avons choisi un coloriage mural « New York » qui nous permet d’évoquer la vie de Feininger né et décédé à New York, et son parcours de dessinateur.
Un meuble avec des boîtes contenant différents jeux est également à disposition : l’une d’elles propose des fiches sur « le monde de Feininger », inspirées du jeu des « Incollables ». On trouve aussi des jeux de construction : un train, car le motif de la locomotive revient souvent dans l’œuvre de Feininger, des formes géométriques qui rappellent ses gravures, le Bauhaus et l’influence cubiste. Dans la dernière boîte, on découvre un mini-théâtre en feutrine avec des personnages inspirés de ceux de Feininger.
Nous avons aussi mis des puzzles à disposition des visiteurs : quelle meilleure façon de se souvenir de ce qu’on a vu ? Reconstituer l’image permet de la fixer dans sa mémoire.
Dernier outil présent dans cet espace de découverte, le livre de caricatures : on part ici du principe du livre d’or, mais les visiteurs peuvent dessiner des caricatures en s’inspirant ou pas de celles de Feininger. C’est une façon aussi de faire appel à la part créative de chacun !
 
Propos recueillis par Camille Varoquier
 
L’espace est ouvert à tous pendant toute la durée de l’exposition « Lyonel Feininger, l'arpenteur du monde » jusqu’au 31/08/2015 au MuMa, n’hésitez pas à en profiter à l’occasion de votre visite.